Faites sauter la banque !

Facile d’accès et riche en visuels généralement efficaces, la banque d’images est très prisée des entreprises. Mais à mesure que son usage se démocratise, le malaise s’installe  : à quoi renonce-t-on en adoptant une telle iconographie  ?

Spy vs Spy  : le jeu des sept erreurs

On pourrait facilement objecter aux images ci-contre que rien ne ressemble autant à un pêcheur heureux qu’un autre pêcheur heureux. Mais les effets normalisateurs de la banque d’images ne s’arrêtent pas là  : lumière, corps et postures se retrouvent de fournisseur en fournisseur, créant une réalité parallèle où tous les chiens sont des Jack Russell, où les médecins sont toujours en blouse, où rien n’est plus vert qu’une carte vitale ou mieux soigné que les ongles d’un patient…

Donner corps à son projet… quitte à sembler impersonnel

Pour un coût réduit, la banque d’images donne accès à une quantité pléthorique d’images, associant plusieurs visuels à chaque mot-clé. On comprend bien l’intérêt  : l’usager donnera aisément corps à son projet, selon l’adage usé voulant qu’un dessin vaut mieux qu’un long discours. Le choc de ces photos est néanmoins forcément atténué par leur artificialité, dès lors que celle-ci est perçue par l’utilisateur. Des postures peu naturelles, un anachronisme ou une inscription en langue étrangère suffisent souvent à dénoncer l’image de banque qui, accessible à tous, présente également le risque d’être utilisé par la concurrence.

Le positionnement d’entreprise en question

Comme le dit Pascal Moliner, d’après De Rosa et Farr, «  l’iconographie doit être à la fois considérée comme source, médium et produit des représentations sociales  ». L’image que vous donnez de votre projet, de votre entreprise ou de votre produit est nécessairement en lien avec la façon dont le public s’en fait une idée  : une trop grande distance entre réel et représentation joue rarement en faveur du réel. Souffrant de la comparaison, celui-ci apparaît comme avant tout décevant, et la communication semble alors quelque peu contre-productive. Alors certes, l’authenticité a un prix  : mais le temps comme l’argent consacrés à un shooting valorisent votre projet et les gens qui le portent. La rencontre entre l’œil d’un photographe et les caractères particuliers de son modèle ne vaut-elle pas mieux que l’usage risqué bien qu’économique d’un visuel impersonnel  ?

Idéale pour donner rapidement corps à une idée ou pour illustrer un texte trop sec, la banque d’images est néanmoins coûteuse d’une autre façon. Sacrifier votre singularité au profit de l’efficacité n’est pas toujours un bon calcul, et celui-ci reflète votre positionnement d’entreprise. En résumé  : la banque, c’est pratique – mais il faut rester méfiant.